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une grande croix en argent, ayant des perles au centre et aux angles, plusieurs ornements, une lampe à huit jets de lumière brûlant devant l’autel. Dans le sanctuaire était assis un moine arménien, au teint basané, maigre, revêtu d’une grossière tunique qui lui allait à moitié jambes. Il portait par dessus un manteau noir fourré de soie, et attaché sous le cilice par des agrafes de fer[1]. » Rubruk raconte qu’il y avait dans ces contrées un grand nombre de nestoriens et de Grecs catholiques qui célébraient les fêtes chrétiennes en toute liberté. Des princes, des empereurs même, reçurent le baptême, et protégèrent les propagateurs de la foi.

Au commencement du quatorzième siècle, le pape Clément V[2] érigea à Péking un archevêché en faveur de Jean de Montcorvin, missionnaire français, qui évangélisa ces contrées pendant quarante-deux ans, et laissa en mourant une chrétienté très-florissante. Un archevêché à Péking avec quatre suffragants dans les contrées environnantes, voilà une preuve incontestable qu’il y avait, à cette époque, en Chine, un grand nombre de chrétiens.

  1. Tunc gravisus suïn multum supponens quod ibi esset aliquid christianitatis ; ingressus confidenter, inveni altare paratum vere pulchre. Erat enim in panno aureo brosdate ymago Salvatoris, et beatae Virginia, et Johannis Baptistae, et duorum angelorum lineamentis corporis et vestimentorum distinctis margaritis, crux magna argentea habens gemmas in angulis et in medio sui, et alia philateria multa et lucerna cum oleo ardens ante altare, habens octo lumina ; et sedebat ibi unus monachus Armenus, nigellus, macilentus, indutus tunica asperrima usque medias tibias, habens desuper pallium nigrum de seta furratum, vario ligatus ferro sub cilicio. » (Recueil de voyages et de mémoires publié par la Société de géographie, t. IV, p. 301.)
  2. On voit dans la cathédrale d’Avignon le tombeau de ce pape célèbre.