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ruptible, de sa justice et de sa douceur ; il fut le soutien, le conseil et l’âme de ses souverains ; il fut comblé de richesses et d’honneurs pendant le cours de sa longue vie ; il fut universellement regretté à sa mort, et laissa après lui une postérité nombreuse, qui fut héritière de sa gloire et de ses mérites, comme elle hérita de ses richesses et de son nom. Tout l’empire porta le deuil de sa mort, et ce deuil fut le même que celui que les enfants portent après la mort de ceux dont ils ont reçu la vie ; il dura trois années entières. »

Nul doute donc que la religion chrétienne ne fût florissante en Chine au huitième siècle, puisqu’elle contenait dans son sein des hommes tels que Kouo-tze-y. Il est probable, toutefois, que les fidèles durent avoir de fréquentes luttes à soutenir contre les bonzes et aussi contre les nestoriens qui, à cette époque, se répandaient en grand nombre dans les contrées de la haute Asie. On sait que, vers le commencement du neuvième siècle, Timothée, patriarche des nestoriens, envoya des moines prêcher l’Évangile chez les Tartares Hioung-nou, qui s’étaient réfugiés sur les bords de la mer Caspienne ; plus tard ils pénétrèrent dans l’Asie centrale, et jusqu’en Chine. Dans la suite, le flambeau de la foi dut, sans doute, pâlir, sinon s’éteindre dans ces lointains pays ; mais il se ranima et jeta encore de brillantes splendeurs dans le treizième et le quatorzième siècle, époque où les communications entre l’Orient et l’Occident devinrent plus fréquentes à cause des croisades et des invasions des Tartares, événements gigantesques qui eurent pour résultat de réunir et de mêler ensemble tous les peuples de la terre.