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pays par où nous passerions seraient frappés de contributions extraordinaires, pour fournir à notre dépense et à celle de l’escorte. Ceux qui désiraient si vivement être nos conducteurs comptaient profiter de notre inexpérience en semblable matière pour retenir à leur profit la majeure partie des fonds alloués journellement par les tribunaux que nous rencontrerions sur notre chemin. Il existe des règlements très-détaillés pour ces sortes de voyages ; mais on pensait que nous n’en aurions pas connaissance. Nous nous gardâmes bien de désigner nous-mêmes nos conducteurs ; nous préférâmes en laisser le choix à l’autorité supérieure, nous réservant, de cette manière, le droit de nous plaindre, si les choses n’allaient pas ensuite à notre satisfaction. Il nous fallait deux mandarins, un lettré, qui serait l’âme de l’expédition, et un militaire avec une quinzaine de soldats, pour assurer la tranquillité et le bon ordre sur notre passage.

La veille du départ, notre ami le préfet du Jardin de fleurs vint nous présenter officiellement les deux élus. Le mandarin lettré, nommé Ting, était maigre, de moyenne taille, marqué de la petite vérole, usé par l’opium, grand parleur et très-peu instruit. Dès notre première entrevue, il eut la dextérité de nous avertir qu’il était très-dévot à Kao-wang, espèce de divinité du panthéon chinois ; qu’il savait un grand nombre de prières et surtout des litanies très-longues, qu’il était dans l’habitude de réciter tous les jours. Nous sommes persuadé que ce fut dans l’intention de nous être agréable qu’on nous donna un mandarin lettré capable de réciter de longues litanies. C’était, il faut en convenir, une curiosité, une trouvaille assez difficile à faire dans la corpo-