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vaste système de centralisation. L’empereur est comme un chef au milieu d’une immense famille ; l’autorité absolue qui lui appartient, et il ne l’absorbe pas, il la délègue à ses ministres, qui transmettent leurs pouvoirs aux officiers de leur gouvernement administratif. Les subdivisions s’étendent ensuite graduellement jusqu’à des groupes de familles et d’individus dont les pères sont les chefs naturels et qui sont tous solidaires les uns des autres.

On comprend que cette puissance absolue ainsi fractionnée n’offre plus les mêmes dangers ; d’ailleurs, les mœurs publiques sont toujours là pour arrêter les écarts de l’empereur, qui n’oserait, sans exciter l’indignation générale, violer ouvertement les droits de ses sujets. Il a, en outre, près de lui un conseil privé et un conseil général dont les membres ont le droit de lui adresser des avis, et même des représentations sur tous les objets d’utilité publique et particulière. On peut lire dans les annales de la Chine que souvent les censeurs s’acquittent de leur charge avec une liberté et une vigueur dignes de grands éloges. Enfin, ces potentats, objets de tant d’hommages pendant leur vie, sont soumis, après leur mort, comme on le raconte des anciens rois de l’Égypte, à un jugement dont le résultat est attaché à leur nom et passe à la postérité ; ils ne sont désignés dans l’histoire que par un nom posthume qui, étant une appréciation de leur règne, exprime un éloge ou une satire.

Le plus grand contre-poids à la puissance impériale existe dans la corporation des lettrés, institution antique qu’on a su fonder sur une base solide, et dont l’origine remonte au moins au onzième siècle avant notre ère. On