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invariable des dissertations des moralistes et des philosophes, sans cesse recommandée par les proclamations des empereurs et les allocutions des mandarins, est devenue la vertu fondamentale d’où découlent toutes les autres. Ce sentiment, qu’on prend soin d’exalter par tous les moyens, jusqu’au point d’en faire, pour ainsi dire, une passion, se mêle à toutes les actions de la vie, revêt toutes les formes, et sert de pivot à la morale publique. Tout attentat, tout délit contre l’autorité, les lois, la propriété et la vie des individus, est considéré comme un crime de lèse-paternité. Les actes de vertu, au contraire, le dévouement, la compassion envers les malheureux, la probité commerciale, le courage même dans les combats, tout est rapporté à la piété filiale ; être bon ou mauvais citoyen, c’est être bon ou mauvais fils.

L’empereur est la personnification de ce grand principe qui domine et pénètre plus ou moins profondément les diverses couches de cette immense agglomération de trois cents millions d’individus. Dans la langue chinoise on le nomme Hoang-ti, Auguste Souverain, ou Hoang-chan, Auguste Elévation ; mais son nom par excellence est Tien-dze, Fils du Ciel. Selon les idées de Confucius et de ses disciples, c’est le ciel qui dirige et règle les grands mouvements et les révolutions de l’empire, c’est sa volonté qui renverse les dynasties et en substitue de nouvelles. Le ciel est le véritable et seul maître de l’empire ; il choisit qui il lui plaît pour son représentant, et lui communique son autorité absolue sur les peuples. La souveraineté est un mandat céleste, une mission sainte confiée à un