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En Chine, il y a, comme partout, un mélange de biens et de maux, de vices et de vertus, qui prêtent également à la satire et au panégyrique, selon qu’on se plaît à considérer les uns ou les autres. Il est facile de trouver chez un peuple tout ce qu’on souhaite y voir, surtout quand on a une opinion déjà conçue à l’avance, avec le parti pris de la conserver intacte. Ainsi Voltaire rêvait un peuple dont les annales fussent en contradiction avec les traditions bibliques, un peuple antireligieux, rationaliste, et pourtant coulant heureusement ses jours au milieu de la paix et de la prospérité. Il crut avoir rencontré en Chine ce peuple modèle, et ne manqua pas de le recommander à l’admiration de l’Europe. Montesquieu, de son côté, exposait son système sur le gouvernement despotique, et avait, coûte que coûte, besoin d’exemples pour le confirmer. Il prit les Chinois et nous les montra toujours tremblants sous la verge de fer d’un tyran, et parqués dans une législation impitoyable. Nous allons entrer dans quelques détails sur les institutions de la Chine et sur le mécanisme de son gouvernement, qui, assurément, ne mérite ni toutes les colères dont on poursuit son despotisme, ni les éloges pompeux qu’on donne à sa sagesse antique et patriarcale. En développant le système gouvernemental des Chinois, nous aurons à remarquer que la pratique vient souvent contredire la théorie, et qu’on ne voit pas toujours l’application des belles lois qui se trouvent dans les livres.

L’idée de famille, voilà le grand principe qui sert de base à la société chinoise. La piété filiale, objet