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accompagnés depuis Ta-tsien-lou jusqu’ici ne vous faisait pas loger dans les palais communaux. J’ai destitué cet homme vil qui n’avait aucun souci de la dignité de l’empire. Ce fut en vain que nous essayâmes de plaider pour lui. Pourquoi, nous dit enfin le vice-roi en se croisant les bras, vous a-t-on empêchés de résider dans le Thibet ? Pourquoi vous a-t-on fait revenir ? — Illustre personnage, nous ne le comprenons pas encore, et nous désirerions bien le savoir. Quand, arrivés en France, notre souverain nous demandera pourquoi on nous a expulsés du Thibet, que faudra-t-il répondre ?… Ici, Pao-hing fit une violente sortie contre Ki-chan ; il parla des difficultés qu’il ne cessait de susciter au gouvernement, et finit par l’appeler to-ché, ce qui ne peut guère se traduire que par faiseur d’embarras.

Pao-hing nous invita ensuite à nous approcher tout près de lui ; il se mit alors à nous considérer attentivement l’un après l’autre, tout en s’amusant à tourner dans sa bouche des fragments de noix d’arec que les Mantchoux aiment beaucoup à mâcher. Il prit plusieurs prises de tabac dans une petite fiole, et eut la courtoisie de nous en offrir, sans rien dire et toujours occupé de nos personnes, comme s’il eût voulu en écrire un signalement. Il paraît qu’il nous trouva superbes, car il nous demanda si nous avions quelque médecine ou recette pour conserver le teint frais et coloré. Nous lui répondîmes que le tempérament des Européens différait beaucoup de celui des Chinois ; que cependant une conduite sage et réglée était, dans tous les pays, la recette d’une bonne santé. Entendez-vous, s’écria-t-il, en s’adressant aux nombreux mandarins qui faisaient