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une prosternation à leur maître, et nous dirent d’entrer. En même temps, le vice-roi, qui se tenait assis, les jambes croisées sur un divan, nous fit de la main un signe plein d’aménité pour nous engager à nous approcher de lui. Nous lui adressâmes une profonde inclination, et nous avançâmes de quelques pas. Nous étions seuls dans le cabinet du vice-roi ; tous les mandarins civils et militaires montaient la garde dans l’antichambre ; mais ils étaient assez rapprochés pour entendre ce qui se disait.

Nous fûmes d’abord grandement frappés de la simplicité et de l’appartement et du haut personnage qui l’habitait. Une étroite chambre tapissée de papier bleu, un petit divan avec deux coussins rouges, un guéridon et quelques vases à fleurs, voilà tout l’ameublement. L’illustrissime Pao-hing était un vieillard de soixante et dix ans environ, grand, maigre, mais d’une physionomie pleine de douceur et de bienveillance. Ses petits yeux encore assez brillants annonçaient beaucoup de finesse et de pénétration ; une barbe longue, peu fournie et d’un blanc tirant sur le jaune, donnait à sa figure un assez joli petit air de majesté. La modeste robe en soie bleue dont il était revêtu contrastait avec les splendides habits brodés des mandarins qui faisaient antichambre. Pao-hing était Tartare-Mantchou, cousin et ami intime de l’empereur. Dans leur enfance, ils avaient toujours vécu ensemble, et n’avaient jamais cessé de se porter mutuellement une vive et cordiale affection.

Le vice-roi nous demanda d’abord si nous étions convenablement dans la maison qu’il nous avait fait assigner… On a interrogé, ajouta-t-il, les soldats de votre escorte ; il paraît que l’officier militaire qui vous a