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qui auraient été dispensés de se mettre à genoux, même dans le premier tribunal de la province. Notre persistance fut pleinement couronnée de succès, et il fut convenu que nous nous présenterions à l’européenne.

Vers midi, on nous envoya chercher avec deux beaux palanquins de parade, et nous nous rendîmes, accompagnés d’une brillante escorte, au palais de l’illustrissime Pao-hing, vice-roi de la province du Sse-tchouen. Le tribunal de ce haut dignitaire de l’empire chinois ne nous parut se distinguer en rien de ceux que nous avions vus précédemment, si ce n’est par son ampleur et une meilleure tenue. C’est toujours même architecture et même combinaison de salles, de cours et de jardins.

Tous les mandarins civils et militaires de la ville, sans exception, avaient été convoqués ; à mesure qu’ils arrivaient, ils venaient se placer, suivant leur grade et leur dignité, dans une vaste salle d’attente, sur de longs divans, où nous avions déjà pris place avec les deux principaux préfets de la ville, qui devaient nous servir d’introducteurs. Dans une pièce voisine, un orchestre de musiciens exécuta des symphonies chinoises d’une grande douceur, mais en même temps extrêmement bizarres : elles ne laissaient pas pourtant d’être assez agréables à entendre. Bientôt on annonça que le vice-roi était entré dans son cabinet. Une grande porte s’ouvrit ; tous les mandarins se levèrent, se mirent en ordre, et défilèrent, dans le plus profond silence, jusqu’à une antichambre, où ils se placèrent en faction. Nos deux introducteurs nous firent passer au milieu des rangs des mandarins, et nous conduisirent devant un cabinet dont la porte était ouverte ; ils s’arrêtèrent sur le seuil, firent