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Rogations (15, 16, 17 mai).

1774. Elles sont appelées lè kreu « les crois », à cause des crois de la procession qui parcourt les champs pendant ces trois jours.

1775. Dans le pays de Herve et de Verviers, les enfants suivaient jadis ces processions, en portant ce qu’ils appelaient des djoli pikrê « bâtons bariolés ». Le pikrê était une longue baguette dont ils avaient enlevé l’écorce, de manière à former une spirale. Il était parfois garni de rubans. Ils y attachaient ou y enfilaient les friandises qu’ils quêtaient pendant ces trois jours et qu’ils mangeaient pendant les processions. À Herve, ils chantaient en suivant les « crois », au lieu du latin des litanies :

Sant Mitch è mi-y oû
È m’ djoli pikrê avou.

« Sainte Miche et mon œuf
Et mon bâton bariolé avec. »

Saint-Jean-Baptiste (24 juin).

1782. Huit jours avant la St-Jean, on brûle des bottes de paille sur les routes, afin que les chevaus qui y passeront n’aient pas de coliques pendant l’année (Sinsin). Cp. 1694.

1783. La nuit de la St-Jean, on fait de grands feus analogues à ceus du premier dimanche de Carême.

1786. On saute au-dessus de ces grands feus pour se préserver des coliques (Sinsin).

1787. Les charbons du feu de la St-Jean sont conservés. On croit qu’ils préservent de l’incendie.

1788. On croit que, s’il pleut la nuit de la Saint-Jean, toutes les noisettes seront trouées.

1790. À Ougrée, on plongeait autrefois, à midi, la statue de saint Jean dans la Meuse pour en bénir l’eau. (Hock 96).

1791. Sur les bords de la Vesdre, de l’Ourthe et de la Meuse, on envoie les enfants se plonger dans l’eau, à midi sonnant.

1792. Jadis les grandes personnes se lavaient avec de l’eau puisée à la rivière à la même heure.