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fut revenue, ses convoitises la reprirent, âpres et persistantes ; l’obsession morbide la ressaisit, atroce comme auparavant. Elle épiait le Nasou, lorsqu’il revenait des champs et ne pouvait le voir sans éprouver une abominable émotion qui l’indignait contre elle-même, mais dont elle ne pouvait se défendre. Lorsqu’elle avait cédé à ce désir, elle en était honteuse et l’idée lui venait de congédier Jules. Mais sa bonne conduite et sa vaillance au travail ne fournissaient aucun prétexte plausible, en sorte que, craignant d’être devinée par sa chambrière, elle hésitait, indécise.

Un jour, comme sonnait la cloche pour le repas de midi, Mlle de La Ralphie était dans sa chambre, derrière le rideau de mousseline. Au portail de la cour, Jules parut bientôt, se dirigeant vers la cuisine, de son pas lourd et balancé. Avant d’entrer, il prit son nez, ce nez qui troublait si fort Valérie, entre le pouce et l’index, et se moucha bruyamment à la mode de notre père Adam.

Elle eut un soulèvement de cœur et se rejeta brusquement en arrière. Puis, un instant après, elle ouvrit la croisée et appela :

— Mérical !

Un grand « drolar » sortit de la cuisine et s’avança sous la fenêtre.

— Dis à Martille de monter, et puis selle « Kébir » tout de suite !

— Bien, notre demoiselle.

Un quart d’heure après, Mlle de La Ralphie montait à cheval et prenait le chemin de la Pouge. Au bac de Saint-Gassien, elle héla le passeur, un vieux à la peau tannée qui faisait du filet devant sa maisonnette. Il descendit sur la grève et dit, après l’avoir saluée :