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drus de la poitrine, particularité qui avait fait dire à Mme  Laugerie :

— Il doit avoir une fameuse palatine, l’abbé !

Cette exubérance pileuse, symbole de la force mâle, captivait les regards de Valérie. Comme Mme  Laugerie, elle songeait à la palatine ; une secrète émotion physique l’agitait ; sa respiration accélérée soulevait son sein ; ses narines se gonflaient : la bête se réveillait en elle. Lorsque l’abbé, pour ne pas compromettre la réussite de ses projets, se leva un moment après, et qu’elle le vit debout, dans le superbe développement de ses formes athlétiques, elle n’eut pas la force de lui refuser la permission de venir lui apporter « les consolations de la religion », comme il disait.

— C’est que, objecta-t-elle, je vais retourner à Guersac sous peu.

— Qu’à cela ne tienne, répondit l’abbé, j’irai à Guersac, si vous le permettez.

Elle inclina légèrement la tête en signe d’acquiescement et le vicaire parti, enchanté du résultat de sa visite.

Huit jours après, l’abbé Sagnol s’acheminait doucement vers le château de Guersac en suivant le bord de l’eau. Le temps était beau ; un soleil de printemps, atténué par une petite brise qui faisait frissonner les peupliers de la rive, attiédissait l’air. Dans les prés fleuris, d’où montait une bonne odeur d’herbes mûrissantes, les grillons susurraient. L’eau bruissait légèrement en passant sur les galets des « maigres » ou dormait dans les profonds d’où montaient à la surface des plantes aquatiques : nénuphars, appelés dans le pays « crêpes », à cause de leurs larges feuilles rondes étalées à la surface, et renoncules d’eau. Dans les bois, sur les coteaux, le coucou ré-