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cachait une finasserie paysanne et beaucoup d’ambition terrestre. Fils d’un marguillier auvergnat, au séminaire, ses camarades s’égayaient sur son compte :

« Sagnol est fort… du biceps », disaient-ils.

Malgré ces quolibets, l’esprit de l’abbé était assez ouvert du côté des intérêts matériels pour se faire des protecteurs, et il avait assez d’intrigue pour avoir obtenu, de prime abord, le vicariat de Fontagnac, qui était fort ambitionné des jeunes prêtres. Ce succès, dont, ses condisciples avaient été très ébahis, encourageait l’abbé Sagnol, qui rêvait maintenant de s’illustrer par la conversion de Mlle  de La Ralphie. Certainement, le retour à Dieu de cette pécheresse de marque qui avait rompu avec les habitudes religieuses de son monde, qui affligeait la noblesse et scandalisait tous les Fontagnacois par ses allures libres, eût attiré sur lui, pensait-il, l’attention de ses supérieurs et lui eût concilié les sympathies de la haute société dévote. Mais l’abbé visait plus loin encore. Son ambition était de fonder, à Fontagnac, une maison de refuge, un asile temporaire pour les servantes sans place ; une sorte de bureau de placement pieux, qui eût fourni aux bonnes maisons des sujets de choix, triés sur le volet du confessionnal ; quelque chose, à peu près, comme les Blandines actuelles. Cette conception, d’un merveilleux instrument d’espionnage religieux, prouvait assez que l’abbé Sagnol n’était pas aussi sot qu’il était épais.

La maison de Mlle  de La Ralphie, dans la rue de la Barbecane, eût convenu très bien pour cet établissement ; aussi, le vicaire s’était-il mis en tête de l’obtenir, à titre de locataire d’abord, gratuit, s’il était possible ; et puis, qui sait, plus tard peut-être à titre de donataire. Les coups répétés et cruels dont la main de Dieu avait frappé la mère du petit Gérard