Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il est aimable comme un agneau, dit La Douceux.

Valérie caressa le bel animal.

— C’est celui-là qu’il montait ?…

— Oui, Madame, répondit le vieux soldat.

— Je vous procurerai une selle de femme, dit le colonel ; vous n’en trouveriez pas, elles sont encore rares ici. Il vous faudra deux mulets ; l’un pour le bagage, l’autre pour votre servante. La Douceur arrangera tout cela. Je le mets à votre disposition.

Valérie remercia.

— Tenez-vous à garder le cheval ?

— Oui, colonel, j’y tiens beaucoup.

— En ce cas, La Douceur le conduira chez vous ; je lui donnerai une permission.

Huit jours après, le convoi partait d’Oran, escorté par un escadron de chasseurs et deux compagnies de zouaves. Un médecin militaire qui se rendait à Tlemcen emmenait sa femme ; ce fut une société pour Mlle  de La Ralphie. Elles chevauchaient de compagnie à l’arrière-garde, escortées de La Douceur et de l’ordonnance de l’aide-major. La Martille était avec les bagages, assise sur un petit mulet, et, avant la première étape elle avait reçu des propositions matrimoniales d’un chasseur en retraite qui conduisait leur mulet de bât. L’ambition de ce vieux soldat était de monter une « cantine civile », comme il disait ; mais pour cela, il fallait une femme, et elles étaient rares en ce temps à Oran.

À la couchée, les tentes des femmes étaient dressées un peu à l’écart, autant que la prudence le permettait. Les deux grands slouguis de l’aide-major faisaient bonne garde tout autour et la petite tente de La Douceur et de l’ordonnance du médecin servait de poste avancé.