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Damase remercia son capitaine et s’en fut surveiller le frichti de sa « tribu », autrement dit de son escouade, car il était de cuisine ce jour-là.

Cette vacance se produisit au mois de mai, pendant l’expédition de Tagdemt. Un maréchal des logis fut tué dans un combat contre les réguliers d’Abd-el-Kader, sur les hauteurs qui dominent Mascara, le jour même de la prise de cette ville. Cela fit deux heureux : le brigadier, qui remplaça le mort, et Damase, qui passa brigadier.

Le nouveau promu s’était tiré de plusieurs affaires sans une égratignure, mais il ne fut pas toujours aussi heureux. Vers la fin de septembre 1841, une colonne, commandée par le général Bugeaud, sortit de Mostaganem et se dirigea vers les montagnes boisées de Sidi-Yayia, et, quelques jours après, se trouva en présence de l’armée d’Abd-el-Kader. Huit cents chasseurs s’élancent sur les contingents des tribus, les mettent en fuite, puis reviennent sur les fantassins réguliers, les chargent, les enfoncent, les sabrent, et les dispersent. À ce moment se présentent les célèbres cavaliers rouges de l’émir. Les escadrons se rallient, les chargent et les rompent. Mais cette troupe d’élite ne fuit pas. Trois fois, elle se reforme, et trois fois elle est enfoncée par les chasseurs. Enfin, après une mêlée terrible, les cavaliers rouges, sabrés impitoyablement, se dispersent et fuient avec les réguliers et les cavaliers des goums, en laissant de nombreux morts sur le terrain.

Dans cette affaire, très chaude, Damase se distingua particulièrement en tuant de sa main trois fantassins réguliers, dont un sciaf ou capitaine. Mais, vers le soir, en donnant la chasse aux fuyards, entraîné par son ardeur, en avant de ses camarades, il se trouva aux prises avec quatre cavaliers rouges.