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serrés, mordant et ruant, le crépitement des coups de feu, le froissement des armes, la fumée de la poudre, les cris : « En avant » ! l’éclat des trompettes sonnant la charge, tout ce tumulte guerrier enleva Damase. Debout sur ses étriers, le sabre haut, il frappait fort, parait les coups de yatagan, détournait un coup de pistolet dirigé sur lui, allongeait un coup de pointe et se démenait comme un beau diable. Au bout d’un quart d’heure d’une mêlée furieuse, l’escadron ayant traversé et dispersé cette troupe, se trouva en présence d’un gros de cavaliers qui venaient au secours de celle-ci.

Les chasseurs se rallièrent promptement et l’officier qui les commandait s’élança en avant, le sabre haut, et, se tournant vers ses hommes, cria d’une voix retentissante.

— Chargez !

Et l’escadron se précipita sur les Arabes, les mieux montés ou les plus ardents les premiers.

— Doucement, chasseur ! dit l’officier à Damase, on ne charge pas en avant de son supérieur.

— À son côté, donc s’il vous plaît, mon capitaine !

Et, à ce moment, l’ennemi était abordé avec cette furie, cette impétuosité irrésistible qui ont rendu légendaires les chasseurs d’Afrique.

Après une mêlée comme la première, cette multitude d’Arabes, sabrée avec vigueur, se dispersa dans la plaine, fuyant dans la direction de Mascara.

À la suite de cette affaire, le capitaine fit appeler Damase et l’interrogea. Satisfait de ses réponses et de son intelligence autant que de son courage, il le congédia en lui disant :

— C’est bien, jeune homme, la première place de brigadier vacante dans l’escadron sera pour vous.