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Ah ! nous n’oublions pas aisément, nous autres gens du Périgord, et pendant longtemps on n’a pas fait la fête de saint Louis dans nos églises, parce qu’il nous avait donnés aux Anglais. Encore aujourd’hui on ne l’aime pas trop ; aussi, on ne voit guère d’enfants de paysans appelés Louis.

Pour en revenir à Henri IV, on a beau dire, de sa bonté, citer de ses traits de clémence et de ses mots aimables ; ce n’était en fin de compte qu’un rusé gascon, bon quand ça lui était utile, et méchant sans miséricorde quand il y trouvait son intérêt.

C’est ainsi que notre régent faisait connaître aux enfants des paysans, aux descendants de ces Croquants maltraités par Henri IV, les nobles et les historiens, la vérité sur leurs ancêtres et vengeait leur mémoire. Et il faisait de même pour toutes les époques ; pour les temps des comtes de Périgord et les seigneurs pillards qui rançonnaient sans pitié les paysans et leur faisaient subir des traitements barbares, et pour ceux des guerres de religion où le pauvre paysan était pillé, incendié, torturé, massacré, tour à tour par les papistes et les parpaillots.

Quand il parlait de l’amiral Coligny, M. Malaroche, les yeux lui flambaient : on nous a apitoyés dans les histoires sur sa mort, disait-il. C’est vrai que Guise l’a fait lâchement assassiner, mais en fin de compte, ce n’était qu’un brigand tué par d’autres brigands.

Nous autres Périgordins nous devons nous souvenir que, sous prétexte que les paysans du côté de Mensignac, de Tocane et de Saint-Aquilin, avaient aidé l’armée catholique à exterminer les bandes huguenotes provençales à Chante-Géline, près de Fayolle, en 1568 ; lorsqu’il traversa le Périgord venant du Limousin, il massacrait tout sur son passage ; on ne voyait que gens occis par les chemins. Rien qu’à Lachapelle-Faucher, dans une salle du château, il fit