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homme et se fit applaudir à plusieurs reprises. Il fut enfin couché sur le dos par un coup d’habileté plutôt que de force, comme on s’accorda à le dire.

Le deuxième amateur était loin d’avoir la force du premier ; aussi ne pesa-t-il guère aux mains de son partenaire, l’Invincible Auvergnat.

Pendant ce temps, Poncet se déshabillait. Lorsqu’il arriva, enfin, trapu, carré, poilu comme un loup, en balançant ses bras noueux et longs, ces bras terribles qui avaient broyé la charpente de l’ours, il y eut de grands claquements de mains.

— Hé bien, vous autres, dit-il en se campant dans l’arène, il paraît que vous voulez me tomber : Je vous attends, venez comme vous voudrez.

Les lutteurs s’étaient entendus, et l’un d’eux s’avança au milieu de l’arène. Celui-là avait nom : Le Fort de la Halle ; c’était un Parisien, ancien porteur à la Halle aux farines, bien fait, et connaissant toutes les ruses du métier.

Il donna en coyonnant la main à Poncet :

— Entre meunier et porteur de farine, on ne se fait pas de mal, n’est-ce pas ?

— Que non, dit Poncet.

Le plan des lutteurs, qui étaient revenus de leurs vantardises, était de commencer par fatiguer le meunier, en lui dépêchant d’abord les moins forts, et de réserver le plus dangereux, le Colosse du Nord, qui, venant le dernier, le tomberait bien sûr.

C’est pour cela que l’habile Parisien commençait, mais il n’eut guère le temps de montrer son escrime ; en moins de trois minutes, il était enlevé et posé à terre comme un enfant.

— Vous êtes mon maître, dit-il à Poncet en se relevant.

L’Invincible Auvergnat lui succéda, et ne pesa pas davantage dans les mains du meunier.

Celui qui vint après, avait nom : Le Tombeau-des-