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des médailles. Lorsque le gros moine brun passa devant mon François, qui avait ses treize ans, le drole, qui ne te voulait pas de médaille de cet individu, lui dit :

— Merci, monsieur le curé, je n’en ai pas besoin.

L’autre, qui ne se doutait de rien, lui répondit :

— Gardez-la tout de même, mon petit ami ; si vous en avez une, déjà, vous donnerez celle-ci à quelqu’un des vôtres.

Le drole ne répliqua pas et posa la médaille sur la table.

Quand les moines furent dehors, le régent leur expliqua que l’enfant qui avait refusé la médaille appartenait à une famille impie ; et eux lui dirent alors de la reprendre, pour qu’elle ne fût pas profanée.

Comme il resta assez longtemps à faire le cagnard avec ces moines, tandis qu’il n’y était pas les enfants s’amusaient, et celui qui était à côté de François poussait la médaille vers lui, disant :

— Prends-la !

Et lui la renvoyait de même, disant :

— Je n’en ai que faire !

Tant ils la poussèrent, qu’à la fin elle alla tomber dans l’écritoire encastrée au ras de la table.

Quand le régent rentra, il vint pour chercher la médaille ; le drole lui dit qu’elle était tombée dans l’encre.

Alors il leva les bras au plafond en disant :

— Malheureux, qu’avez-vous fait ! C’est une abominable profanation !

Et il emporta l’écritoire et versa l’encre doucement, prit la médaille avec un bout de papier, et la porta à sa femme pour la laver.

En un rien de temps, la maison fut tout en l’air, et la mère et les quatre filles, ces cinq Enfants de Marie, avec leurs grandes médailles, vinrent à la