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Elle se mit à rire et je l’embrassai. Après avoir causé une demi-heure, elle rentra, et je m’en fus me coucher.

Le lendemain je m’en fus à Périgueux acheter quelques petites affaires pour elle, comme une bague en or et un anneau de mariage, une chaîne de cou avec un cœur, des rubans, de la dentelle, un châle, des bas fins et quelques petits affiquets.

Après avoir fait toutes mes commissions, acheté du café pour le jour de la noce, de la vanille pour mettre dans les crèmes, que la bru de Maréchou m’avait bien recommandé de ne pas oublier, une bouteille d’anisette pour les femmes, deux autres de cognac pour les hommes, je m’en fus prévenir M. Masfrangeas du jour qui était convenu. Il voulait me garder à souper, mais il me tardait de revenir au Frau, et puis je n’aimais pas beaucoup à aller chez lui, parce que ses filles étaient toujours mijaurées, surtout l’aînée, et je repartis.

— Tout ça, c’est très bien, dit mon oncle, en voyant ce que je rapportais ; nous avons convenu du jour, mais si nous sommes trente-cinq, où nous mettrons-nous ? On ne peut pas démonter les lits de la grande chambre, parce qu’il y aura des parents à faire coucher ; dans la cuisine, ça ne se peut pas, où nous mettrons-nous ?

En cherchant bien, il nous fallut demeurer d’accord qu’il n’y avait que le cuvier où on pût mettre aisément une table pour tant de monde. Mais il fallait démonter la grande cuve, faire crépir les murs et blanchir le plafond. Ça ce n’était pas une affaire, d’autant mieux que nous avions encore les ouvriers qui finissaient de monter la grange, car chez nous, les bâtisses vont doucement comme on sait.

Ceci convenu, le dimanche d’après, nous fûmes à Saint-Germain, chez M. Vigier, pour passer notre contrat. Le père Jardon était là, et sa vieille aussi