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II

Ce qui doit arriver arrive. En apprenant l’arrestation de son homme, ma mère eut un profond soupir, comme si elle se mourait :

— Ô mon pauvre Martissou !

Moi, je me mis à pleurer, et, tout le jour, nous restâmes tous deux bien tristes et dolents. Elle était assise sur un petit banc, les mains jointes sur ses genoux, regardant fixement devant elle sans rien dire. Par moments, une pensée plus grièvement pénible lui faisait échapper une plainte :

— Mon pauvre homme, que vas-tu devenir ?

Le soir, comme elle n’avait pas songé à faire de soupe, la pauvre femme me coupa un morceau de pain que je mangeai lentement, après quoi nous fûmes nous coucher.