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d’ajoncs, entre la Foucaudie et le Lac Viel, où le diable n’irait pas le chercher. Seulement, il avait besoin de sa limousine pour se couvrir la nuit.

Lui ayant donné la vieille limousine et la moitié d’une tourte de pain, ma mère chargea encore le charbonnier de beaucoup de bonnes paroles pour son homme, ensuite de quoi il s’en retourna.

Dans l’après-midi du jour suivant, les gens de la justice vinrent avec le comte de Nansac et des domestiques du château. Ils firent mettre Mascret et un autre dans l’endroit où il était avec Laborie, un autre encore à l’endroit d’où mon père avait tiré, comptèrent les pas et se remuèrent beaucoup dans la cour. Après ça, un vieux, qui avait une mauvaise figure d’homme, fit raconter à ma mère la manière dont ça s’était passé. Elle répéta ce qu’elle avait dit la veille aux gendarmes présents là avec ces messieurs, que c’était sur le coup de la colère, en la voyant blessée, elle, et sa chienne morte, que mon père avait tiré sur Laborie.

Tandis que ma mère parlait, le vieux tâchait de lui en faire dire plus qu’elle ne disait ; mais elle se défendait bien. Lorsqu’elle eut fini, il essaya de lui faire avouer que dès longtemps mon père projetait ce coup ; mais elle protesta que non, et s’en tint à ce qu’elle avait dit. Alors le vieux renard qui l’interrogeait, m’avisant dans un coin, fit signe à un gendarme :