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remercier M. Fongrave et lui demander ce que nous lui devions.

— Ah ! fit-il, sachant que nous étions bien pauvres, ce n’est rien, mes amis. Je suis assez payé de ma peine par le plaisir de vous avoir aidés à vous tirer d’une méchante affaire : allez-vous-en tranquilles chez vous autres.

Et après qu’il nous eut à tous donné la main, nous le quittâmes après lui avoir renouvelé nos remerciements et l’avoir assuré de notre reconnaissance. Ça n’est pas pour dire, mais il n’avait pas obligé des ingrats, car, tant qu’il a vécu, tous lui ont marqué que nous n’avions pas oublié sa bonté. C’était les uns une paire de poulets ou de chapons, ou une panière de beau fruit, ou un pot de miel, ou des pigeons ; d’autres lui portaient un chevreau, un agneau ou un piot, autrement dit un dindon. Moi, je lui avais fait une rente annuelle d’un lièvre que je lui envoyais par Gibert, l’épicier de Thenon, qui allait tous les ans à la foire des Rois faire ses emplettes ; sans compter aussi quelques bécasses quand j’en trouvais l’occasion.

Ayant pris congé de M. Fongrave et dévalé la place du Greffe, nous traversâmes le Pont-Vieux, les Barris, et nous voilà sur la grande route de Lyon, partis pour la Forêt Barade, où nous arrivâmes à soleil entré, tous bien contents de la revoir.