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par un chien, reviennent vers nous au galop et nous dépassent en menant grand bruit. S’étant levée pour les ramener, ma mère vit alors un garde de l’Herm, appelé Mascret, qui lui cria de s’arrêter. Lorsqu’il nous eut joints, sans aucune forme de salut, il lui dit de se rendre tout d’abord au château, où le régisseur voulait lui parler.

— Et que me veut-il de si pressé ? fit ma mère.

— Ça, je n’en sais rien, mais il vous le dira bien.

Et le garde s’en alla.

Nous fûmes vers les brebis qui s’étaient plantées à deux cents pas, regardant toujours le chien qui les avait effrayées, puis, les chassant devant nous et descendant le coteau, nous revînmes à Combenègre, d’où ma mère repartit pour l’Herm après avoir fermé les bêtes dans l’étable.

Lorsqu’elle fut de retour, à la nuit, mon père lui demanda :

— Et que te voulait-il, ce vieux coquin ?…

— Ah ! voilà… d’abord, il m’a reproché de n’avoir pas fait mes dévotions le soir de Noël, comme les autres, ni même toi, qui n’avais pas tant seulement été à la messe, ce dont les dames n’étaient pas du tout contentes, et l’avaient chargé de me le dire. Après ça, il m’a dit que tu braconnais toujours, de manière que M. le comte ne trouvait plus de lièvres devers Combenègre, et qu’il te faisait prévenir de cesser