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ayant dit un dernier adieu au mort, prit le buis et jeta quelques gouttes d’eau bénite dessus, puis une poignée de terre. Nous autres, après lui, nous en fîmes autant et, tandis que la terre tombait avec un bruit sourd sur la caisse, la demoiselle Hermine, à genoux, priait avec ferveur.

Après qu’aidé de Cariol j’eus comblé la fosse, tout le monde rentra à la maison. Puis le chevalier et sa sœur s’en retournèrent à Fanlac précédés de Cariol qui portait un falot. Les deux vieilles, ayant reçu l’aumône accoutumée, regagnèrent leurs cabanes ; Jean s’en retourna chez lui, et nous restâmes seuls la Fantille et moi.

Le lendemain matin, j’allai lever des glèbes pour gazonner la tombe de Bonal et, tandis que la Fantille faisait une croix avec du buis pour la poser dessus, je me remis au travail, car, quoique la mort soit entrée dans une maison, les survivants sont bien obligés de reprendre le train habituel.


Lorsque le juge de paix revint lever les scellés, il était accompagné d’un quidam, demi-paysan, moitié monsieur, qui, à ce que nous dit le greffier, était un cousin troisième de Bonal. Cet homme me regardait d’un mauvais œil, et sa femme aussi, parce qu’ils avaient ouï dire que leur cousin m’avait donné tout son avoir. Moi, je n’en savais du tout rien et même je n’y avais jamais pensé, mais le chevalier, qui connaissait