Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En ce cas, il y a beaucoup d’imbéciles devers chez nous, car les gens ne se gênent pas pour le dire.

— Et peut-être vous en êtes, de ceux-là qui le disent ?

— Moi, je ne dis que ce que j’ai ouï dire ; et, probablement, tout le monde dans notre paroisse, le curé en tête, ne le dirait pas si ça n’était pas vrai. Lorsqu’un bruit court comme ça, on peut bien croire qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Le rouge m’était monté et je le rabrouai rudement :

— Pour les pauvres sottards qui croient bêtement tout ce que leur dit votre curé, ils sont pardonnables ; mais quant à lui, qui sait aussi bien que personne que le curé Bonal est un brave homme et un digne prêtre, je vous le dis, c’est un pas grand’chose !

Et nous continuions à disputer et noiser en marchant, moi faisant de notre curé tous les éloges qu’il méritait, l’homme répétant tout le mal qu’il en avait entendu raconter, lorsque, à un moment donné, en face de la petite combe de Glaudou, sur une parole qu’il lâcha, touchant la demoiselle Hermine, je le pris au collet et je le secouai fortement :

— Bougre d’animal ! je vois bien, à cette heure, que saint Rémy est un foutu saint, car tu as eu beau te frotter la tête, tu es resté plus bête qu’un âne !