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chantait plutôt, vieux homme gris pommelé, de bonne mine et encore vert. Il était servi par deux enfants de chœur et, de plus, assisté de deux autres curés en costume, qui lui faisaient de grandes révérences, mains jointes, qui embrassaient les objets avant de les lui donner, lui soulevaient sa chasuble lorsqu’il s’agenouillait, enfin faisaient un tas de cérémonies de ce genre. Moi qui n’avais jamais vu que la messe du curé Bonal, qui officiait plus simplement, je trouvais tout ça bien étrange. Il y eut beaucoup de femmes qui communièrent, de sorte qu’avec toutes ces cérémonies la messe dura longtemps ; mais enfin elle s’acheva et je n’en fus pas fâché. Au moment de sortir, le curé annonça qu’ils allaient déjeuner, et qu’il nous engageait chacun à en faire autant, afin qu’à deux heures tout le monde fût là, parce qu’on chanterait les vêpres avec sermon et bénédiction du Saint-Sacrement, après quoi on continuerait à donner les évangiles.

— Mais, ajouta-t-il, comme il y en a qui sont de loin et ne peuvent attendre si tard, M. le curé d’Aubas va rester pour donner les évangiles à ceux-là.

Et en effet, aussitôt que les autres furent partis, le curé d’Aubas, un livre à la main, assisté du marguillier qui tenait une soupière d’étain, fut entouré par une foule de gens qui demandaient l’évangile. Le curé avait bien dit : « donner », mais c’était une façon de parler, car