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listes, avait une préférence marquée pour son fils d’adoption, le jeune Geoffroy. Celui-ci reçoit un jour une invitation conçue en termes extraordinaires qui le prie à dîner pour le lendemain, et qui s’engage à s’y préparer. Geoffroy ne savait que penser de ce ton à effet ; il s’imagine que peut-être une réunion imposante l’attend sous le toit de son vieil ami : il s’habille en conséquence, et s’y rend à l’heure indiquée. Daubenton était seul avec sa femme. Alors madame Daubenton de le recevoir les fables de La Fontaine à la main, et de lui dire solennellement : « Jeune homme, prends et lis ! » En même temps elle lui présente le volume ouvert à la fable de la lice et sa compagne. Ces sages de la nature aimaient à envelopper leurs sentences sous les mœurs et sous le langage figuré des animaux. Du reste, l’intention était toute dans la morale de la fable :

Ce qu’on donne aux méchans, toujours on le regrette.
Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête,
Il faut que l’on en vienne aux coups ;
Il faut plaider, il faut combattre.
Laissez-leur prendre un pied chez vous,
Ils en auront bientôt pris quatre.

« C’est sur vous et non sur l’autre, ajouta le vieillard avec tristesse, que nous avons mis notre confiance. » Geoffroy résista à ces conseils, et conserva pour Cuvier la même amitié, les mêmes égards, la même admiration.

Cependant de nouveaux événemens allaient sépa-