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de la création, ils n’en ont pas trouvé de meilleur, sinon que le principe de la vie avait eu besoin de se communiquer. Ce besoin, qui chez Dieu détermine le mouvement créateur, devient dans l’humanité l’agent du progrès. Il y a des peuples qui communiquent, il y en en a d’autres qui absorbent : Carthage absorbait comme l’Angleterre, Rome communiquait comme la France.

Les Romains portaient partout avec eux la civilisation ; ils construisaient des fontaines, des routes, des ponts, des canaux chez les peuples vaincus ; ils leur transmettaient leur langue, leurs lumières, leurs connaissances. L’intensité des caractères diminue chez une race à mesure qu’elle étend et généralise ainsi sa présence à la surface du globe. À force de faire participer les nations étrangères à sa propre existence, la race latine, dans laquelle toutes les autres avaient mêlé leur sang, a fini littéralement par s’évanouir dans ses conquêtes. Cette cause de décadence de la grandeur romaine, quoique passée sous silence par Montesquieu, nous semble la plus forte de toutes : Rome est morte pour le salut de l’humanité. La France a visiblement la même tendance ; elle est douée d’un mouvement d’expansion extraordinaire. On a dit que le Français n’était pas un peuple colonisateur ; on pourrait même presque dire qu’il n’est point conquérant, en ce sens qu’il ne sait point conserver ses conquêtes. En effet, c’est moins la possession qu’il recherche dans la victoire que l’influence à exercer sur le monde. Le Français est, qu’on nous passe le mot, un peuple missionnaire. Il a été guidé