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du mélange des races, ont cru que les caractères des peuples se confondraient les uns dans les autres. C’est une erreur. Il existe bien un grand nombre de germes, dispersés à la surface du globe terrestre, et qui tendent tous à se développer selon des lois particulières ; de la réunion de ces germes résultera plus tard l’unité finale de notre espèce et l’accomplissement de ses destinées ; mais cette fusion n’amènera pour cela aucune uniformité. Il est aujourd’hui démontré que les types ne s’effacent pas toujours en se mêlant : M. Edwards a rencontré en France, en Allemagne et en Italie d’anciens peuples dont les traits et les autres caractères physiques avaient survécu à la mort nationale. Ces monumens de la nature étaient demeurés debout au milieu des ruines de tous les monumens de l’art. On retrouve également sur la colonne trajane la figure de la plupart des peuples modernes qui ont succédé aux Cimbres, aux Daces, aux Scandinaves. Le visage des Huns, ce visage qui intimida l’Europe par sa laideur, n’est point perdu : M. Edwards l’a vu reparaître dans la Hongrie. La nature ramène quelquefois tout-à-coup au sein de la population la plus mêlée des types qu’on aurait pu croire anéantis : la tête de Charles X reproduisait les formes exactes de la race franke. Nous ne devons donc pas craindre que les traits des nations modernes s’altèrent de sitôt. M. Serres croit en outre à l’existence d’une force inhérente au sol qui détermine la forme générale des habitans. La terre de France, selon lui, fait des Gaulois, comme celle de la Grande-Bretagne fait des Anglais, comme la nature du Nouveau-