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pouvons déjà placer dans le voisinage de la ligne équatoriale le berceau de la race noire, dans l’Atlantide celui de la race rouge, dans le sud de l’Asie l’origine de la race jaune, dans le nord ou dans l’Asie centrale les premières traces de la race blanche. Le mouvement de destruction et de reproduction qui préside à toute la nature paraît s’être étendu jusque sur la genèse du genre humain : la race noire est le débris d’un monde antérieur ; elle a survécu misérablement au théâtre de sa force et de sa puissance. La race américaine nous semble également une ancienne race naufragée, dont Christophe Colomb retrouva les restes épars qui commençaient à se réformer sur le sol de l’Amérique. Le même coup de la main de Dieu qui brisait un continent et abîmait la race rouge, soulevait peut-être d’un autre côté les montagnes de l’Asie sur lesquelles la race blanche allait se manifester. Cette vue nouvelle fait éclater les étroites lisières chronologiques dans lesquelles nos historiens ont voulu envelopper l’existence du genre humain ; mais il faut se souvenir que les siècles sont comme les objets qui s’effacent par la distance ; aucun chronomètre ne peut guider notre marche dans des âges où tout est encore fabuleux[1].

  1. Depuis que ces lignes ont été écrites, le hasard m’a donné connaissance d’un travail de M. Marcel de Serres, qui était une réfutation de mes vues. Les argumens qu’il donnait en faveur de l’antériorité de la race blanche ne m’ont pas le moins du monde ébranlé. J’attendrai du reste qu’il ait publié son mémoire pour y répondre. En attendent, je dois, par délicatesse, relever une erreur de mon adversaire. Il fait remonter ses attaques jusqu’à M. Serres, dont je n’aurais été, suivant lui, que l’interprète. J’ignore ce que pense M. Serres de la succession des races humaines ; mais il n’a jamais, que je sache, touché cette question