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dans l’esprit du peuple. Le docteur Gall s’était plaint à plusieurs fois de la faute que commettaient les artistes modernes : « Ils laissaient la tête de Napoléon dans sa proportion naturelle, mais, pour établir un équilibre conforme à leurs idées, ils la plaçaient sur un corps colossal. » Dans ses cours publics, le maître avait pour habitude de montrer le crâne du général Wurmser, qui commandait en qualité de feld-maréchal les armées autrichiennes, défaites dans toute l’Italie par le général Bonaparte. L’organe du courage était considérable sur la tête de Wurmser ; il en avait donné dans des occasions extrêmes des preuves réitérées. Gall faisait remarquer à ce sujet que si le général allemand fut souvent battu par le général français, c’est que Bonaparte l’emportait de beaucoup en intelligence. Il racontait l’anecdote suivante : un jour, tous les généraux réunis dans l’antichambre de l’empereur, trouvèrent son chapeau sur une console. Chacun l’essaya à son tour ; or, sur toutes ces épaules de colosses, il ne se trouva pas une tête qui pût remplir le petit chapeau. Cette coiffure, que Napoléon préférait même à la couronne, — sans doute parce qu’elle était moins lourde, — est la seule qui soit restée dans la mémoire du peuple. Nous avons vu nous-même un de ces petits chapeaux conservé dans le cabinet d’un amateur ; sa partie inférieure présentait une circonférence d’un peu plus de vingt-deux pouces et une ligne. On ne saurait pourtant rien conclure de cette capacité relativement au contour de la tête qui l’emplissait., Napoléon, comme tous les hommes qui exercent beaucoup leur cerveau, avait le crâne