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instincts charnels sur le cerveau amené en avant achève d’expliquer cette austère chasteté de style, qui emprunte toujours ses images à la nature morale. Nous ne reparlerons pas du sentiment religieux que Gall avait constaté et dont le siège domine toute cette forte tête comme ces églises dont le clocher ardu couronne les anciennes villes du moyen âge.

De l’organisation de M. de Lamennais il est curieux de rapprocher celle de M. Victor Hugo. Ces deux hommes ne se touchent guère que par des contrastes. Nous retrouvons précisément dans leur nature différente le caractère particulier de leur génie. La tête de M. Victor Hugo, à part la puissance lyrique, dont Gall n’aurait pas manqué de trouver l’empreinte dans l’élévation de l’organe des idées poétiques, et qui existe en effet à un degré si supérieur chez l’auteur des Rayons et des Ombres, indique surtout la prédominance des organes qui, toujours selon Gall, s’emparent du monde visible. Quoique le haut du front ne manque certes ni de grandeur, ni d’idéal, ni de rêverie, on sent que la grande puissance est à la base. Selon le maître de la phrénologie, l’auteur de Notre-Dame de Paris devrait à l’avancement de l’arcade sourcilière, modelée chez lui par les organes de la configuration, de la mémoire des lieux et du coloris, cette incroyable et souveraine faculté de description que nul ne lui conteste. Cette force intérieure du cerveau est secondée encore par une vue extraordinaire. M. Victor Hugo, encore enfant, allait se promener avec son père sur les buttes de Montmartre ; du haut de ces entassemens naturels, il suivait avec