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nées les parties nobles et élevées du crâne, tandis que chez les vieillards elle maintient toujours le derrière et la base de la tête, siéges des penchans animaux, cachés sous un reste de cheveux blancs. La tête de l’homme ne se dépouille avec le temps que pour mieux révéler aux yeux les plans sévères et intellectuels qui la constituent à l’image de Dieux. On voit luire un reflet de cette majesté sénile sur la voûte immense du crâne chauve de Béranger.

Quand le front est amené en avant, il y a, selon Gall, prédominance des facultés réflectives. Cette conformation est frappante chez de Lamennais, ce petit grand homme tout en tête. La masse du front raide et escarpé comme un mur laisse entrevoir, sous de puissantes facultés philosophiques, les grâces sévères d’une imagination toujours soumise au jugement. La tête serrée aux coins indique l’absence des sentimens égoïstes, en même temps que la prodigieuse élévation du sommet annonce un caractère inflexible, une probité ombrageuse et une austère croyance des choses à venir. Le peu d’élévation et de volume de ce corps frêle, de ce roseau pensant, que le vent de la maladie abaisse et relève tour-à-tour, ajoute encore à la force d’exercice du cerveau, qui se trouve porté d’un seul élan vers le travail continuel de l’esprit. Ceux qui connaissent M. de Lamennais ne sauraient trop s’étonner de cette infatigable activité de tête, qui lui permet de suivre sans relâche le fil de ses pensées à travers les sentiers les plus âpres et les plus divers. Une sensibilité nerveuse extrême, qui va dans certains cas jusqu’à l’irritabilité, accentue toutes