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ossemens secs. Il étudiait particulièrement la manière dont les formes de la tête se présentent dans l’état de vie. La société qu’il avait devant les yeux était pour Gall une galerie de portraits animés dont il cherchait à déterminer le caractère. Notre savant a connu l’organisation de la plupart des hommes remarquables qui composent en quelque sorte dans ce moment-ci le sénat intellectuel de la France. Il nous a laissé sur presque tous des jugemens inédits qu’il est possible de recueillir de la bouche de ses amis. Quant à ceux qu’il n’a ni connus, ni appréciés, nous trouvons dans sa méthode les moyens de suppléer par nous-mêmes à la sagacité du maître. Nous allons donc chercher ce que Gall a pensé ou ce qu’il aurait pensé de quelques hommes du jour. Mais il est nécessaire pour cela de se faire une idée juste de son système et des bases sur lesquelles s’exerçait cette merveilleuse finesse d’observation, qui semblait chez le docteur Gall un sens particulier.

Avant Gall, une certaine école avait placé dans la sensation, autrement dit dans le système nerveux périphérique, le siège de toutes nos connaissances. Le médecin allemand soumit cette opinion à son examen et la convainquit d’erreur. Il reconnut tout d’abord que, chez plusieurs hommes doués de talens considérables, les sens extérieurs étaient dans un grand état de faiblesse. Les plus hautes facultés du peintre et du musicien sont quelquefois associées à une vue courte et à une oreille obtuse. Beethoven était sourd, il n’en aimait pas moins dans sa vieillesse à se mettre au piano ; les sons qu’il tirait de l’instrument ne pou-