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d’individus hydrocéphales. De tels crânes ne contiennent que beaucoup d’eau. Belles têtes ! mais de cervelle point. On remarque sur ces mêmes rayons des têtes d’aliénés chez lesquels un organe dominant avait tracé une direction là la folie. Témoin cette jeune fille qui berçait dans ses bras des morceaux de bois auxquels elle voulait faire partager sa chétive nourriture. On la voyait alors pleurer, car ces mauvais nourrissons s’obstinaient à refuser le pain de leur mère. Elle était désignée, à la Salpétrière, sous le nom de la fille aux enfans. Une autre avait la monomanie de se croire reine de France et de se parer, par manière de dignité, de tous les haillons qu’elle rencontrait sous sa main. Le crâne de ces deux femmes dévoile le caractère de leur folie ; chez la première le sentiment de l’amour maternel, et chez la seconde la vanité. Le docteur Gall prétendait que l’organe de la poésie, combiné avec celui du merveilleux, imprimait son style à la démence du Tasse ; c’est dans ses accès de délire que l’auteur de la Jérusalem délivrée composait, dit-on, ses plus beaux vers, et qu’il croyait communiquer avec les esprits. Le maître ajoutait que, le cerveau étant double dans tous ses organes, un homme peut être aliéné d’un côté et libre de l’autre, au point d’observer lui-même sa folie. Il en citait pour exemple Blaise Pascal. Notre docteur avait donné ses soins à un malade qui, pendant trois ans, entendait constamment du côté gauche des injures qu’on lui adressait, et il regardait toujours dans cette direction. Du côté droit il jugeait parfaitement que cet état provenait d’une altération de son esprit. Il suit de là qu’un hé-