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faire le bien. Les hommes chez lesquels cet attrait est fort éprouvent instinctivement une sorte de charité universelle qui s’étend même à toute la nature. L’empereur Joseph II, que Gall préconisait comme un modèle de sympathie pour les classes laborieuses, unissait à cet organe celui de la musique. On voit à côté de son buste le buste de Kreibig, son maître de violon et son ami. La musique s’allie volontiers aux sentimens affectueux : la fable d’Orphée est un mythe du pouvoir qu’exerce l’harmonie sur les instincts animaux. L’ancien directeur de la Porte-Saint-Martin, M. Harel, répondait un jour à l’auteur de Lucrèce Borgia qui se plaignait de la longueur des violons pendant les entr’actes : — Monsieur Hugo, vous avez tort, la musique adoucit le cœur de l’homme.

Gall en esquissant, au moyen des organes, les principaux traits de chaque caractère, avait coutume d’ajouter que ces organes dominans étaient les derniers à s’éteindre chez l’individu, ultinum moriens. Ils survivaient, pour ainsi dire, de quelques instans à la décomposition générale. Le maître en citait plusieurs exemples. Il assistait un jour, en qualité de médecin, les derniers momens d’une vieille femme chez laquelle le sentiment de l’ordre était très prononcé. La moribonde, insensible à tout le reste, interrompit le râle de l’agonie pour indiquer à la garde embarrassée le tiroir d’une commode où elle serrait son linge. Le mathématicien Lagny, au lit de mort, ne reconnaissait déjà plus personne, lorsque Maupertuis lui demanda : — Quel est le carré de douze ? — 144, répondit Lagny sans hésiter. Un assassin, tourmenté