Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont pris au régiment du mal du pays, et meurent souvent au bout de quelques mois.

À côté des hommes à talens, on a rangé dans les armoires les bustes d’hommes à caractères. Voici Constantin Faucher, mis à mort avec son frère César. en 1815, pour crime politique. Gall racheta leur tête au bourreau. Plus loin gît le crâne du statuaire italien Ceracchi, exécuté pour tentative d’assassinat sur la personne du premier consul. Gall avait remarqué deux conformations bien différentes qui produisent les esprits révolutionnaires. Les uns sont poussés à l’insurrection par le sentiment de la justice, et les autres par le mobile de l’orgueil. Presque tous les hommes de 89, i dont Gall aimait à considérer les figures, présentent sur leurs bustes ou leurs portraits un exemple de ces caractères fermes et justes qui ne peuvent voir les droits d’autrui violés sans en ressentir une offense personnelle. Ceracchi est un conspirateur d’une autre nuance ; son crâne indique toutes les qualités qui font les natures indépendantes. De tels individus ont le sentiment de la dignité humaine porté à un point intraitable. Leur vie tout entière est une énergique et véhémente protestation du moi. Geracchi était d’un caractère noble et très estimé de ses confrères. Il n’avait d’autre motif de haine contre Bonaparte que son amour pour la liberté, contre laquelle il accusait le premier consul de conspirer. Gall faisait remarquer que le dévoûment est, pour ainsi dire, naturel à de telles organisations. Elles jouissent même en se sacrifiant pour leur cause. Le docteur admirait à ce propos la sagesse et la libéralité de la