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La mélancolie est la suite d’un penchant naturel en souffrance ; la tristesse est une privation. Gall attribuait volontiers au manque d’exercice libre et illimité d’une aptitude dominante la cause de la plupart des suicides. C’est également le cas de Gilbert, d’Imbert Gallois, d’Hégésippe Moreau, de Louis Bertrand et de tous ceux qui, dans ces dernières années, sont morts de poésie. Gall avait vu un de ses amis, né poëte, chez lequel la résistance à cette disposition naturelle avait amené la folie ; l’organe émancipé reprenait son rôle dans les accès de délire, durant lesquels cet aliéné ne parlait jamais autrement qu’en vers. Suivant le docteur Gall, les principaux traits de l’organisation d’un individu impriment leur caractère à tous les états excentriques de sa vie, à la folie, à l’ivresse, au sommeil ; les rêves habituels d’un homme sont dans le sentiment général de sa nature.

L’esprit philosophique résulte, d’après les exemples que nous avons sous les yeux, du sens des phénomènes qui fournit les matériaux, de celui de la comparaison qui les confronte entre eux, et de la faculté qui en recherche les causés. Toutefois, cet ensemble est modifié selon chaque nature. Gall professait une grande vénération pour la tête de Socrate. L’artiste avait su, disait-il, donner à ce buste les organes qui disposent aux sentimens religieux, combinés avec ceux d’une vaste capacité intellectuelle. Gall, pas plus que les autres physiologistes, ne me paraît d’ailleurs avoir saisi le vrai caractère de cette tête qui est tout un événement. Ce qui me frappe, ce que j’admire sur ce buste, c’est l’apparition de la tête moderne dans