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science sur deux masques adolescens qui figurent dans son cabinet. L’un est celui du jeune Flandrin, auquel le docteur avait reconnu la bosse du dessin ; le second est celui de Franz Listz : on lit sa bas ces mots écrits de la main même de Gall : Organe de la musique remarquablement développé ; organes de l’imitation, de la poésie et de l’éducabilité bien exprimés. Par éducabilité, Gall entendait le sens du progrès chez l’homme. Il existe un troisième adolescent dont la science pronostique la gloire. Ce dernier n’avait encore que quinze ans, quand à son aspect, Gall poussa une exclamation significative : Tu Marcellus eris ! Ce futur grand homme était Champollion, le lecteur d’hiéroglyphes.

En attachant à l’exercice répété de chaque organe du cerveau un attrait qui lui est propre, la nature a voulu que chaque homme fût continuellement actif dans la sphère de ses facultés. Ceci explique comment certains individus ont persiste obscurément dans leur goût pour un art, malgré toutes sortes d’obstacles, par la seule satisfaction qu’ils trouvaient à se mouvoir autour du cercle que Dieu même leur avait tracé. Gall montrait à ce propos le buste d’un cordonnier, nommé François, chez lequel les soucis et les travaux de son état n’avaient pu étouffer un talent naturel pour la poésie. François était auteur d’une tragédie que Gall trouvait remarquable. Notre docteur ajoutait avoir vu des cas où une ou deux facultés dominantes comprimées par les circonstances ou par une volonté forte, s’égaient vengées de leur pénible inaction en troublant toutes les autres puissances de l’individu.