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formation entre toutes ces têtes réunies par les liens d’une faculté commune. Il a essayé à des momens différens, dans des dispositions d’esprit différentes, et toujours il n’a rencontré que le doute. Le voilà qui recommence à faire passer entre ses mains ces crânes et ces plâtres rebelles à tout aveu ; il les place sous des jours favorables, il élimine les caractères reconnus pour faux et renonce à ses suppositions de la veille. Confrontant ces pièces les unes aux autres, il se dit à demi-voix : « Ce n’est point ceci ; ce n’est point cela ; ce n’est pas ceci encore. » Mais à mesure qu’il écarte ces nuages, la lumière commence à poindre. Tout-à-coup l’œil du savant s’illumine, son front s’inspire, il s’écrie : J’ai trouvé !

Gall n’attendait pas toujours la science à l’ombre de son cabinet ; il allait la trouver dans les asiles mystérieux où elle cache ses secrets sous les infirmités de notre nature, les hospices, les prisons, les salles de justice. Cet homme était d’une curiosité indomptable ; on le rencontrait dans tous les grands établissemens d’éducation, dans les maisons d’orphelins et d’enfans trouvés, dans les promenades et les spectacles ; ses regarde se portaient toujours à la forme du crâne, que Dante nomme dans son langage extraordinaire le couvercle de l’homme, il coperchio. Les jours d’exécution, un homme en habit noir se glissait-il parmi la foule sur la place, jusqu’au bas de l’échafaud, c’était Gall qui venait examiner la tête du condamné à mort. Un malheureux s’était-il suicidé, Gall se transportait aussitôt sur les lieux et cherchait sur le crâne du cadavre quelque trace visible de ses