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conformation de la tête, ne négligeait aucunes démarches pour obtenir le crâne. Le zèle de la science le dévorait et lui conseillait tous les sacrifices imaginables en vue de grossir sa collection. Les médecins avaient l’attention de lui envoyer le crâne des fous et des criminels fameux. Gall recevait tout cela avec reconnaissance. Les fous et les scélérats sont la proie de la science. C’est sur eux qu’elle travaille avec le plus de succès pour découvrir dans les écarts de la nature le secret de ses lois immuables. La prédilection de Gall pour les assassins, les idiots, les aliénés, ressemblait à celle du grand Geoffroy Saint-Hilaire pour les monstres. Il leur donnait le premier rang sur les planches de sa bibliothèque. Il examinait la tête de ces aliénés en comparaison avec la nature de leur folie, et la tête des condamnés mort relativement à la nature de leur crime. C’est avec de tels élémens qu’il composait dans son esprit l’histoire, d’autres disent le roman de la physiologie de l’homme. Une telle étude était semée d’âpres broussailles qui l’arrêtaient souvent des mois entiers. Figurons-nous ce jeune savant enfermé dans son cabinet et tout possédé par ce démon de la découverte qui le pousse sans relâche vers l’inconnu. Sa table est chargée de crânes humains et de figures en plâtre sur lesquels la lumière accentue tristement des proéminences variées. Gall est attentif à ces accidens légers ; il se promène tête basse autour de cette table recouverte d’un tapis vert ; il s’arrête et compare l’une à l’autre avec une attention pleine d’anxiété les diverses pièces de sa collection. Voici plus de six semaines qu’il cherche un rapport de con-