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veau monde, ils y transportèrent les animaux domestiques mes tiques *de l’ancien continent. Le résultat de ce déplacement fut une révolution complète dans les destinées du lama. « Aujourd’hui, le cheval, l’âne et le mulet ont remplacé le lama dans plusieurs localités, dit M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et dans quelques-unes de celles où il est encore élevé en assez grand nombre, c’est presque uniquement comme animal de boucherie. » Ce fait est grave : voilà donc une bête de somme dont la destination a été changée par suite de l’envie qu’il prit un-jour à Christophe Colomb de courir les mers. Les animaux domestiques participent donc, eux aussi, aux événemens de l’histoire et aux découvertes de la science.

L’éléphant qui figurait dans l’antiquité, chez les peuples de l’Inde et du nord de l’Afrique, comme une machine de guerre animée, n’est guère plus employé a ce genre de service depuis que l’invention de la poudre à canon et les modernes progrès de l’art stratégique ont rendu son usage à-peu-près inutile. Qu’avons-nous d’ailleurs besoin de nous transporter dans la vieille Égypte, dans l’Asie ou dans le Nouveau Monde ? La race bovine a subi, en France, presque sous nos yeux, une réforme analogue. On connaît ces vers de Boileau :

Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque îndolent.

Aujourd’hui, le cheval a remplacé le bœuf dans le service des chariots et des voitures de luxe, service