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dans son galop, qui cherche à retrouver son haleine. — Nous étions à Corbeil.

Je me rendis à quelque distance de la ville, non sans visiter, sur mon chemin, la vieille Église surmontée d’un coq, la petite rivière où je m’étais déjà promené en bateau avec mon ami Léon Gozlan, ainsi que la bordure de saules et de peupliers, ceinture mouvante qui presse un groupe de joyeuses maisons. Il nest que la présence des toits de chaume, des verts pâturages et des champs recouverts d’une végétation puissante, pour rappeler aux travaux rustiques. Dans les grandes villes, l’homme se voit seul ; il se fait le centre de tous les intérêts du globe, et veut, pour ainsi dire, enfermer le monde dans son cercle. On est alors enclin à se préoccuper, outre mesure, de l’industrie et des richesses artificielles qu’elle engendre ; cette attention détourne l’économiste d’autres intérêts non moins sérieux. C’est au milieu des dures populations fixées à la terre, cette mère nourricière des sociétés, alma parens, qu’on sent le prix et l’importance de l’agriculture. Le séjour de la campagne dilate, en Outre, les liens et les affinités secrètes qui nous rattachent, comme créature, à l’univers terrestre. Là nous sommes avec tout, et tout est avec nous. La vue continuelle des grandes vaches au poil fauve, qui paissaient l’herbe sur le bord des ruisseaux ; quelques chèvres suspendues gaiment aux buissons épineux, un attelage de lourds chevaux qui tiraient péniblement de lourdes charrettes sur un terrain glaiseux et humide ; l’âne, ce frugal et utile auxiliaire, qui marchait d’un pas ferme sur les sentiers pierreux,