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impose à certains oiseaux de basse-cour, pour leur faire contracter des maladies chères à notre gourmandise ? Non ; jetons un voile sur cette partie de nos conquêtes. Notre faim a maîtrisé durement et bassement les animaux alimentaires. Que parlai-je d’ailleurs de faim ? Regardez-moi ce riche, au palais blasé, rongeant sans appétit, rongeant sans cesse le foie d’un malheureux oiseau gonflé par les tourmens de notre industrie ! — Prométhée est venge !

0 homme, voilà donc ton ouvrage ! voilà donc ce que tu as fait de ces êtres que Dieu t’avait donnés à garder et à embellir ! Les animaux alimentaires ont été donnés à l’homme pour que l’homme s’en nourrit : aussi bien, ce n’est pas l’usage que je blâme, mais l’excès, mais l’abus, mais cette recherche avide qui change, sous nos yeux, la scène animée de la création en une sorte de laboratoire destiné à assouvir nos convoitises. Une action si monstrueuse finirait par livrer le monde animal à la confusion, si des lois éternelles et inflexibles n’arrêtaient à temps la main du maître dans ces attentats.

L’amour du luxe et la cupidité ont, pour ainsi dire, créé la classe des animaux industriels[1]. Nous mettons sans cesse à contribution les plus petits êtres qui nous entourent : ici le commerce emprunte au ver à soie ce riche tombeau qui devient un des ornemens de la coquetterie ; la il dérobe à l’abeille cette cire dont une main ingénieuse pétrit un flambeau qui

  1. Nous empruntons à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire cette division des animaux domestiques en 1° alimentaires, 2° industriels, 3° auxiliaires, 4° accessoires.