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globe de tous les hôtes nuisibles ou pour nous emparer de dépouilles qui profitent au commerce. Cet état de choses violent ne ressemble en rien à la conquête ; c’est la lutte primitive qui continue. L’homme a seulement perfectionné avec le temps les armes d’une guerre où il est devenu le plus fort au moyen de son intelligence et de son industrie ; mais, encore une fois, tuer n’est pas régner. En voyant notre autorité si rétrécie sur le globe, on se demande par quelle illusion d’orgueil l’homme se proclame chaque jour fièrement le roi de tous les animaux. — Oh ! si les animaux savaient écrire !

Dans tout combat, il y a des morts et des prisonniers. Les animaux qui succombent vivans à nos attaques ou à nos artifices sont quelquefois traités en captifs, en prisonniers de guerre, et amenés comme tels dans des climats lointains où leur présence fait événement. La science ne regarde pas comme animaux domestiques ces grands carnassiers dont un luxe de roi étale la morne défaite dans nos ménageries. Les étroites loges, les barreaux de fer, les chaînes dont l’homme se sert ici pour maintenir sa victoire, annoncent bien qu’il a soumis la force et les mouvemens de ses esclaves, mais qu’il ne règne pas encore sur leur volonté. En effet, que la contrainte cesse, que la cage s’ouvre, et l’animal montrera bien vite par sa fuite qu’il appartient encore à l’état sauvage. Si quelques-uns de ces hôtes s’apprivoisent par hasard, c’est toujours une conquête peu sûre, dont les effets bornés à l’individu n’intéressent aucunement l’éducation de la race. Il existe sans doute dans les mœurs féroces