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du globe ; mais il en est tout autrement quand la main de l’homme agit sur elle pour la modifier. L’état actuel de la création est la conséquence d’événemens très anciens et de conquêtes successives qui lui ont imprimé de siècle eu siècle notre forme et notre volonté. Le genre humain agit comme un seul homme à la surface de sa planète, mais comme un homme éternel, toujours mourant et renaissant, qui continue sans relâche son œuvre. La domesticité s’exerce sur les espèces animales, comme la culture sur les végétaux, pour les revêtir de propriétés et de facultés nouvelles. Il se produit de la sorte, dans l’économie animale, des changemens séculaires dont le résultat est de transformer l’instinct des bêtes en une sorte de reflet de l’intelligence humaine.

Si nous cherchons maintenant à mesurer la marche de cette action de l’homme sur la nature, nous verrons qu’elle il eu, comme tout le reste, des temps et des degrés qui se succèdent. Les animaux étant capables d’un véritable progrès, mais d’un progrès communiqué, d’un progrès passif, il en résulte que le développement des espèces domestiques suit partout le développement des sociétés. Les peuples peu avances ne possèdent qu’un très petit nombre d’animaux domestiques, et encore ils les possèdent mal, c’est-à-dire qu’ils ne savent en tirer que peu de services. Chez les Esquimaux, par exemple, le chien n’est utile qu’à conduire des traîneaux. Les peuples demi-sauvages n’ont réussi de la sorte à conquérir dans cet animal si sagace et capable de services si variés qu’un seul instinct, celui de la traction. Nous pouvons con-