Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grès, de ces âges de la création humaine, des formes qui s’éteignent et d’autres qui leur succèdent, de véritables fossiles que la terre ne nous a pas conservés comme ceux de l’ère antédiluvienne, mais qui deviennent en quelque sorte visibles par le raisonnement. Il résulte de là que le mouvement du monde ne s’est point arrêté pour le règne végétal, non plus que pour les animaux, après la grande et dernière catastrophe qui a couvert l’ancien état de choses. L’homme est devenu, à partir de ces événements, l’auteur des changements à introduire dans les plantes qui composent la nourriture des animaux, dans les fleurs qui forment la parure naturelle de la terre. C’est à lui qu’est échu en un mot le rôle sublime de se montrer vis-à-vis de toute la population du globe le ministre nouveau du Dieu créant.

L’imagination aime à retrouver dans ce mélange d’arbres exotiques et d’arbres indigènes, les traits mêmes du climat qui les vit naître. Le palmier et les autres végétaux, enfants des solitudes, s’élancent vers le ciel d’un jet droit et puissant, qui annonce la liberté ; En les apercevant, j’aperçois l’Afrique, ses déserts, sa population sèche et hautaine. Comme les oreilles droites du chien sauvage s’abaissent dans la domesticité, je vois de même les arbres, transplantés depuis plusieurs siècles des profondeurs de l’Asie, et soumis à notre culture, prendre avec le temps l’allure de la servitude. Ils ont perdu à notre service cette fierté indolente et barbare qui caractérise les races primitives ; leurs rameaux s’humilient sous notre main tout chargés de fruits. La civilisation les a domptés :