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l’état sauvage. Il n’est pas de moyens que l’horticulteur n’ait employés pour assujettir les plantes à mille combinaisons ; il les presse, il les tourmente, il les croise entre elles jusqu’à ce que des changements survenus dans la parure des fleurs ou dans la qualité des fruits amènent des espèces nouvelles. Ce travail infini, continué sans relâche sur presque toute la terre, a eu nécessairement pour effet de substituer les lois de l’intelligence humaine aux lois de la mère nature. Nous voyons ainsi passer les existences végétales, à dater du déluge ; sous l’action d’un monde nouveau qui a comme l’ancien ses âges, ses développements, ses tentatives. Les progrès de l’homme ont remplacé l’influence des milieux ambiants sans cesse variables sur les formes toujours renouvelées de la nature primitive. Les termes d’observation nous manquent pour tracer une histoire, même imparfaite, des changements survenus dans la grande famille des végétaux depuis les temps modernes ; mais ici l’intelligence supplée aux faits, et nous concevons sans peine que dans les commencements, la puissance humaine sur le monde extérieur n’étant pas encore ce qu’elle est aujourd’hui, les plantes n’avaient pas non plus les agréments artificiels qu’elles ont acquis par la suite. Cette action de l’homme a d’abord été débile comme celle de la nature elle-même dans ses premiers ouvrages ; elle a pris successivement plus d’intensité, et à mesure qu’elle se développait de siècle en siècle, elle renouvelait à-la-fois tous les êtres organisés dans le monde qui lui était soumis. On peut se représenter à chacun de ces pro-