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plus grands que les sujets aveugles sur lesquels il opérait devaient opposer moins de résistance à son action. Le Jardin des Plantes nous offre en miniature l’image de ces conquêtes infinies et surprenantes qui ont renouvelé pour ainsi dire le vêtement de la terre. Des plantes exotiques, réunies de toutes les contrées du monde dans de vastes serres, où la main de l’homme a su reproduire pour elles les climats qui les ont vues naître ; des arbres, que la nature avait dispersés çà et là à de grandes distances sur le globe, rapprochés comme par enchantement dans les mêmes lieux, avec un feuillage nouveau, des grâces nouvelles, et comme un air de famille qui leur est venu en se déplaçant ; des fleurs, dont les unes ont doublé leur parfum et leurs ornements, dont les autres ont changé leur teint naturel, dont toutes présentent l’image des soins de l’homme et des miracles de la culture, voilà ce que nous rencontrons à chaque pas dans les galeries vitrées ou même dans les libres avenues du jardin. S’il était permis de prêter l’étonnement aux végétaux, combien ces arbres, ces fleurs n’auraient-ils point à exprimer leur surprise à la vue des changements que cette seconde création leur a fait subir ? La température élevée ou abaissée tour-à-tour selon les besoins de la plante et par des moyens artificiels ; les forces du soleil doublées par l’exposition ou par les enveloppes de verre ; le sol rajeuni sans cesse, chargé d’engrais puissants, approprié par les mains de l’homme aux caractères des produits variés qu’on en attend, tout concourt ici à revêtir le nouveau règne végétal de beautés inconnues dans